Photo : PNUD Colombia
Au cours des dernières décennies, la Colombie est parvenue à des conquêtes importantes quant à la promotion de l’égalité de genre et à une plus grande prise de pouvoir par les femmes, même si de sérieux écarts sont encore à réduire.
La Colombie a ratifié tous les traités internationaux en vigueur sur les droits humains et les droits des femmes ; elle a réalisé des progrès de façon significative dans l’établissement de lois pour promouvoir l’égalité de genre et garantir les droits humains des femmes. Quelques exemples : les Ebauches de la Politique Publique pour l’Equité de Genre pour les Femmes et le Plan Intégral pour garantir aux femmes une vie libre de violences (approuvés en 2012) ; la Loi sur les Victimes et la Restitution de Terres (approuvée en 2011), qui comporte des dispositions importantes sur l’égalité de genre ; la Loi 1257 (2008), qui « édicte des normes pour la sensibilisation, la prévention et la sanction de formes de violence et de discrimination contre les femmes » ; et la Loi 1719, par laquelle sont adoptées des mesures pour garantir l’accès à la justice des victimes de violence sexuelle, en particulier la violence sexuelle à l’occasion du conflit armé de 2014, entre autres.
Bien que ces normes fournissent un cadre solide pour aller de l’avant quant aux droits des femmes, des défis subsistent pour les appliquer pleinement, comme le montrent les données sur les écarts de genre.
Concernant les indicateurs relatifs au genre, la participation politique des femmes a augmenté, passant de 6% à 11% au niveau des fonctions assumées par élection populaire, et de 7% à 21% aux élections du Congrès au cours des 20 dernières années.
Concernant les droits économiques, l’accès des femmes à un emploi régulier et leur participation au Marché du travail se sont progressivement améliorés, mais restent encore limités.
Par rapport à l’éducation, des grands progrès ont été réalisés. Le taux d’éducation des femmes colombiennes est plus haut que celui des hommes. Cependant, elles affrontent encore d’importantes difficultés pour accéder à l’emploi et, quand elles arrivent sur le marché du travail, elles sont confrontées à des différences salariales significatives et travaillent plutôt dans des secteurs de travail informel.
La Colombie a vu diminuer le taux de mortalité maternelle ; mais 500 femmes meurent encore chaque année par suite de la grossesse et de l’accouchement.
De nombreuses lois nationales ont été promulguées pour prévenir et sanctionner la violence envers les femmes, comme nous l’avons mentionné plus haut. Cependant, les chiffres restent alarmants. Selon le rapport de l’Institut National de Médecine Légale en Colombie (INMLCF), 1 007 femmes ont été .assassinées en un an, on a enregistré 37 881 cas de violence envers les femmes dans le cadre du couple et 16 088 cas de violence sexuelle ont été recensés contre des femmes, soit 86% du total des victimes de ce délit, les principales affectées par cette forme de violence étant les petites filles et les adolescentes.
La violence s’accentue dans des pays en conflit comme la Colombie. Des femmes de tous âges font l’expérience des effets de la violence contre la femme et de la violation de ses droits humains dans ce contexte. Elles sont victimes d’actes de menaces, d’assassinat, de terrorisme, de tortures, de disparitions involontaires, d’esclavage sexuel, de viols, d’abus sexuel, de grossesses et d’avortements forcés. Des données officielles indiquent que plus de 400 000 femmes ont été victimes de féminicide dans le cadre du conflit armé, et on compte plus de 57 000 femmes victimes de déplacement forcé. La violence dans le conflit armé a provoqué le déplacement interne de plus de 2 700 000 femmes (environ 6% de la population totale du pays et 51% du total des personnes déplacées). 15,8% des femmes déplacées déclarent avoir été victimes de violence sexuelle.
Les femmes appartenant à des groupes ethniques indigènes et les afro-colombiennes se sont vues affectées de manière disproportionnée par la violence dérivée du conflit ; sur 3 445 cas d’homicides de personnes indigènes et afro-colombiennes, 65,5% étaient des femmes.
Malgré cette violence croissante envers la femme, dans les situations de conflit armé, ce sont elles qui mènent des actions ; des paysannes, des indigènes, des afro-colombiennes prennent part à des processus de formation qui contribuent à la construction de la paix à partir de leurs territoires. On reconnaît ainsi l’importance de la participation politique des femmes dans des scénarios de décision, en utilisant différents outils symboliques, politiques et démocratiques qui signifient et promeuvent l’interaction sociale avec égalité de genre pour encourager des changements aptes à favoriser la consolidation de la paix à partir d’une optique territoriale, pacifiste et féministe.
Par l’intermédiaire de sa représentante, l’ONU Mujeres Colombia (Femmes de Colombie) a redit l’importance de poursuivre l’effort d’assurer et de garantir dans le Système Intégral la participation effective des femmes victimes, puisque c’est une condition à approfondir au sens symbolique, transformateur et rétributif de la justice transitionnelle pour les femmes.
“Dans notre ONU Mujeres (Femmes), nous reconnaissons et garantissons la valeur du travail des femmes victimes du conflit armé en Colombie, ainsi que de celui des dirigeantes et des défenseures des droits des femmes. Leur travail transforme la situation des femmes et des petites filles en Colombie, et leur courage dans tous les secteurs soutient la lutte pour ne laisser personne en arrière”
(Ana Güezmes, représentante ONU MUJERES COLOMBIA)
Source : https://colombia.unwomen.org/es/onu-mujeres-en-colombia/las-mujeres-en-colombia