Sr Cécile Biiye
Délégation de la R.D. du Congo
Je suis née dans une famille chrétienne au Congo, où la dévotion à la Vierge Marie avait une grande place. Dès l’enfance, j’ai appris à réciter le chapelet en famille. Mon papa avait toujours son chapelet à la main. Avec lui, j’ai eu très tôt le désir de me faire religieuse.
Jeune fille, j’ai été séduite par la mission des « Sœurs blanches » (les missionnaires d’Afrique), leur service auprès des pauvres du village. A l’époque, il n’y a pas encore de religieuses africaines dans les Congrégations missionnaires. Pourtant, je désirais être et faire comme ces religieuses blanches. Mon papa qui était infirmier diplômé était souvent sollicité dans les grands hôpitaux du pays. Ce qui occasionnait plusieurs déplacements pour notre famille.
Arrivée à Isangi, j’ai été au pensionnat des Filles de la Sagesse. De là, j’avais commencé une expérience nouvelle de la vie religieuse dans une Congrégation autochtone des Sœurs de l’Immaculée, fondée par Mgr Louis Jansen smm. Les Sœurs de cette jeune congrégation étaient formées par les Filles de la Sagesse pour devenir Sœurs de l’Immaculée. Cette congrégation a fini par être fusionnée aux Filles de la Sagesse. J’ai donc fait le noviciat et prononcé les vœux dans cette Congrégation en 1963.
Ce qui m’a apporté beaucoup de joie dans ma vie religieuse, c’est l’amour fraternel en communauté. L’amour des Sœurs envers moi, leur confiance en me donnant certaines responsabilités à l’école : j’ai été directrice de l’école des filles et dans la pastorale avec les femmes. J’ai initié le mouvement catholique des femmes chrétiennes au diocèse d’Isangi appelé : « MAMA BOBOTO » (femmes de Paix) qui collaborent avec les prêtres à l’évangélisation et à la prise en charge de l’Eglise par les fidèles. Ce mouvement catholique qui a plus de 25 ans d’existence au diocèse, œuvre également pour l’émancipation des femmes. Dans le contexte, certaines cultures tiennent la femme inférieure à l’homme et certaines coutumes rétrogradées réduisent la femme en « esclavage », surtout lors du décès des conjoints. La femme de ce milieu était une catégorie plus pauvre et plus défavorisée. Je me suis inspirée de l’amour des pauvres de Montfort et de Marie-Louise de Jésus.
Maintenant, j’ai 83 ans d’âge, 63 ans de vie religieuse et je suis doyenne de notre Délégation. Je crois que la Sagesse continue à me soutenir. Je suis en lien avec les gens de mon milieu de mission à Kisangani. Je fais des visites aux personnes malades du quartier. Je leur porte la communion.
Je souhaite aux plus jeunes Sœurs de notre Congrégation que l’amour fraternel soit vécu en toute simplicité comme l’a recommandé la Mère Marie-Louise de Jésus, dans le respect des différences en communauté.